Tarification de l’assurance vie et des prestations du vivant : examiner les différences

Jeter un regard sur le passé pour démystifier la tarification d’assurance

La tarification de l’assurance vie se pratique depuis longtemps. Depuis l’émission de la première police d’assurance vie au XVIe siècle en Angleterre, les pratiques permettant une sélection équitable et concurrentielle des risques d’assurance vie ont évolué, souvent au rythme des technologies émergentes, mais les principes qui sous-tendent la tarification sont remarquablement stables.

Les assurances à prestations du vivant, comme l’assurance invalidité et l’assurance contre les maladies graves, sont considérées comme relativement nouvelles sur le marché. Pourtant, les formes les plus anciennes de ces couvertures ne datent pas d’hier. Le deuxième président des États-Unis, John Adams, a signé une loi sur le secours des marins malades et invalides (Act for the Relief of Sick and Disabled Seamen) en 17981. Cette loi exigeait que les marins mettent de côté vingt centimes par mois sur leur salaire afin de financer les soins médicaux d’autres marins qui tombaient malades ou devenaient invalides. Ces marins étaient si importants pour les échanges commerciaux que la loi prévoyait la construction d’hôpitaux pour ceux qui étaient malades. Il s’agit peut-être de l’un des premiers exemples de ce que nous considérons aujourd’hui comme une assurance accidents, maladie et invalidité.

L’assurance contre les maladies graves est le produit le plus récent de la famille des assurances vie et à prestations du vivant. C’est le Dr Marius Barnard, un médecin sud-africain, qui en a eu l’idée et en a lancé la première version en 1983, sous le nom inquiétant d’« assurance contre les maladies redoutées ». Le principe était d’une simplicité révolutionnaire : il suffisait que l’on diagnostique une maladie couverte chez la personne assurée pour que celle-ci perçoive des indemnités, à condition d’avoir survécu 30 jours à cette maladie. L’assurance contre les maladies graves est arrivée chez nous quelques années plus tard; elle demeure un outil de protection puissant et avantageux pour les acheteurs d’assurance canadiens, au point qu’elle a souvent été décrite comme changeant et sauvant la vie.

Tenir compte des différences de tarification

Comment et pourquoi souscrire l’un ou l’autre de ces produits? Les conseillers doivent comprendre les différences de tarification et en tenir compte pour gérer les attentes des clients et leur faire bénéficier de conseils avisés lorsqu’ils soumettent des dossiers de prestations d’assurance vie ou de prestations du vivant.

Commençons par examiner les points déterminants que le tarificateur prendra en compte pour chacun des produits. Pour l’assurance vie, la perspective envisagée à long terme est la fin de vie (ou le décès). Comment la compilation de renseignements d’ordre médical et financier et de renseignements sur le mode de vie influe-t-elle sur la détermination de la longévité? En 2020, l’espérance de vie moyenne au Canada était de 80 ans pour les hommes et de 84 ans pour les femmes, soit une moyenne combinée de 82 ans2. En 1981, l’espérance de vie moyenne était de 75,5 ans3. En conséquence, les primes d’assurance vie ayant chuté, la couverture n’a jamais été aussi abordable, surtout pour les jeunes en bonne santé et non fumeurs. Du fait de l’introduction d’applications d’assurance vie intelligentes utilisant l’intelligence artificielle, des algorithmes sensibles au risque et l’augmentation des limites sans prélèvements, l’achat d’une assurance vie n’a jamais été aussi facile.

La protection que procure l’assurance invalidité est assortie d’une dynamique différente. Le point déterminant de la tarification porte sur la maladie, appelée morbidité, et son incidence sur la capacité à travailler. Par conséquent, toute affection susceptible de limiter ou d’empêcher cette capacité, par définition invalidante, revêt une grande importance pour la tarification. C’est le cas même si cette affection ne met pas la vie de l’assuré en danger et n’est pas nécessairement pertinente pour la tarification de l’assurance vie. Par ailleurs, l’assuré a la possibilité de présenter plusieurs demandes de règlement pendant la durée de sa couverture. Pour mieux gérer la tarification axée sur la morbidité et la possibilité de demandes de règlement multiples, les tarificateurs de l’assurance invalidité ont recours à des exclusions spécifiques en matière d’invalidité, allongent les périodes d’attente pour les prestations ou limitent les périodes de paiement des prestations, selon les cas. Ainsi, les assureurs peuvent proposer une assurance invalidité à un plus grand nombre de clients, même s’il s’agit d’un produit modifié.

Prenons un trouble de l’humeur, comme la dépression, et comparons la façon dont il pourrait être considéré du point de vue de la tarification de l’assurance vie et de prestations du vivant. En fonction de sa gravité, la dépression peut être une maladie grave, affectant tous les aspects de la vie. Parmi les conséquences les plus catastrophiques, on trouve le suicide, qui peut être l’événement déclencheur d’une demande de règlement d’assurance vie. La tarification de l’assurance invalidité met l’accent sur la capacité de travailler. On estime à 12 milliards le nombre de journées de travail perdues chaque année dans le monde en raison de la dépression4. Au Canada, environ 500 000 personnes s’absentent du travail chaque semaine en raison de problèmes de santé mentale5. Ces chiffres plaident en faveur d’une approche particulièrement prudente de sélection des risques. Comme nous le savons, la possibilité de demandes de règlement multiples et d’absences prolongées du travail plane sur toute demande d’assurance invalidité dans laquelle il est fait état d’antécédents de dépression ou d’autres troubles de l’humeur.

Pour ce qui est des maladies graves, le point saillant se trouve au début du processus. Ni la mort ni l’invalidité ne sont prises en considération dans le cas de l’assurance contre les maladies graves. En effet, il suffit que l’on diagnostique chez la personne assurée une maladie couverte pour que cette personne puisse, après une brève période de survie, déposer une demande de règlement. La tarification est basée sur l’incidence de la maladie, définie comme étant la probabilité d’apparition d’un problème de santé donné. Par exemple, dans le cas d’un infarctus du myocarde (crise cardiaque), le survivant peut reprendre le travail parfois quelques semaines ou quelques mois seulement après le diagnostic et bénéficier néanmoins pleinement de la couverture de la police.

Comme le point déterminant est un simple diagnostic, la tarification de l’assurance contre les maladies graves exige que l’on accorde une attention particulière aux facteurs de risque et aux antécédents familiaux. Le tabagisme, l’hypertension artérielle et les habitudes de vie sont examinés avec une attention particulière. Les antécédents familiaux qui peuvent faire redouter une prédisposition à une ou plusieurs maladies couvertes sont d’une importance capitale, surtout depuis l’introduction de la loi sur la non-discrimination génétique (Genetic Non-Discrimination Act ou GNA) de 2017, qui interdit notamment aux assureurs d’utiliser les résultats des tests génétiques sans l’autorisation expresse du client.

Conclusion : soumettre des demandes de règlement d’assurance vie et de prestations du vivant

Il n’y a pas d’approche unique pour les clients qui demandent à la fois le règlement d’une assurance vie et de prestations du vivant. Un bon spécialiste de la sélection des risques avancée fera porter toute son attention sur les médicaments actuellement prescrits, les absences du travail et les antécédents familiaux détaillés. Une approche réfléchie consiste à examiner et à comparer les exigences de souscription des assureurs et les produits envisagés. Il peut être judicieux pour obtenir une couverture de demander d’abord des produits d’assurance pour lesquels les exigences sont plus souples à la souscription, selon ce qui est indiqué dans le tableau des exigences. Une fois la couverture initiale en place, d’autres exigences pourront accompagner une demande de couverture supplémentaire. Une autre approche consiste à demander simplement au tarificateur qui vient d’approuver un dossier d’assurance vie comment il évaluerait un produit d’assurance invalidité ou d’assurance contre les maladies graves. L’essentiel est d’être conscient des différences d’exigences et d’adopter une approche fondée sur les meilleures pratiques.

Pour un complément d’information sur les processus de tarification de l’assurance vie et des prestations du vivant, communiquez avec votre bureau régional de PPI.

  1. Statutes and Stories. Act for the Relief of Disabled Seamen. com. 29 avril 2018.
  2. Life Expectancy in North America 2020. Statista.com. 20 janvier 2021.
  3. Country Economy. Canada – Life Expectancy at Birth. com. n.d.
  4. Dobson, Kathleen G., Mustard, Cameron, Smith, Peter M. et Vigod, Simone N. Tendances relatives à la prévalence de la dépression et des troubles anxieux chez les adultes canadiens en âge de travailler, de 2000 à 2016. Statcan.gc.ca. 16 décembre 2020.
  5. Chai, Carmen. 500,000 Canadians Miss Work Each Week Due to Mental Heath Concerns. ca. Le 5 mai 2017.

Cet article est fourni par Sélection Tarif Expert, un site web éducatif qui contient des informations ayant trait à la tarification pour les professionnels de l'assurance, disponible exclusivement aux Associés affiliés avec PPI (connexion requise).

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