Cryptomonnaie et tarification financière : Adversaire ou allié?

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La sélection financière; un terme qui fait parfois l’objet de débats animés et à l’occasion, cause de sérieux désaccords entre les conseillers et les tarificateurs. Il arrive même que des tarificateurs habituellement complaisants se disputent vigoureusement entre eux, défendant des points de vue divergents sur un dossier qui présente des défis sur le plan financier. Contrairement à la sélection médicale où les directives couvrent un large éventail de conditions et de scénarios de risque, les directives financières occupent beaucoup moins d’espace dans la plupart des guides de sélection des risques, la prise de décision dans ces cas relevant plutôt d’un art que d’une science.

Mais dans tous les cas, plus le montant de l’assurance demandée est élevé, plus la sélection financière est approfondie, une attention particulière étant accordée aux informations financières fournies, y compris la nature de la valeur nette du demandeur, jusqu’aux types d’investissements et de devises qu’il détient. Comment la cryptomonnaie, qui demeure encore relativement nouvelle dans le monde de la finance, influe-t-elle sur la sélection financière? La question sera explorée dans ce Brin de risque, alors que nous examinerons si la possession d’un peu de Bitcoins constitue un complément aux informations du dossier ou si un excès d’Ethereum place le tarificateur en position adverse face au dossier.

Débutons par le nom. La monnaie fait depuis longtemps partie de notre lexique quotidien. L’argent nous permet chaque jour de procéder à des échanges, d’acheter et de vendre des compétences, des biens et des services. Le terme « crypto » est une autre histoire. Tirant son origine du grec pour désigner quelque chose de caché, la combinaison de ces deux mots a tout le potentiel pour effrayer même les plus courageux parmi le groupe de sélection des risques que sont les tarificateurs. Comme il n’est pas question ici de détailler la création et la structure de cette nouvelle monnaie, nous soulignerons simplement le fait que le cryptage et la décentralisation sont des principes clés alors que cette « nouvelle monnaie » est ajoutée à une blockchain et à un grand registre de distribution informatisé, inconnu avant 2009 (1). Retour à une époque où la réglementation financière était minime, voire inexistante, où la spéculation et la volatilité étaient omniprésentes, la préoccupation supplémentaire au début de l’ère de la cryptomonnaie était associée à son attrait potentiel en tant que facilitateur ou conduit d’activités illégales; un facteur inacceptable pour les tarificateurs.

Plus récemment, cependant, le monde financier traditionnel découvre que les marchés des cryptomonnaies et des actions reposent sur un certain nombre de conditions communes telles que l’offre, la demande, la politique monétaire et la géopolitique (2). La volatilité en montagnes russes des actions de cryptomonnaies donne souvent lieu à des articles dans les médias financiers, mais seul le temps nous dira si certaines d’entre elles arriveront chaque fois à résister aux tempêtes économiques avec résilience. Les analystes de marché les plus astucieux nous rappellent que les marchés haussiers (bull markets) à long terme « corrigent » et éliminent les sociétés dont les ratios de rendement ne sont pas viables, ou les sociétés surévaluées ou simplement mal gérées. Pensez à l’éclatement de la bulle Internet en 2001. Pensez ensuite à des sociétés telles qu’Amazon ou eBay qui ont non seulement survécu à 2001, mais ont continué à prospérer depuis (3).

Revenons à la sélection et à la question de l’adversaire ou de l’allié. La sélection financière a tendance à agir en faveur des entreprises bien établies à la croissance globale stable et au leadership avéré, encore plus si les dirigeants font une demande d’assurance. Cela se traduit par une évaluation plus généreuse du montant de l’assurance, qu’il s’agisse d’une capitalisation plus élevée des bénéfices ou des actifs ou de périodes de projection et de taux de rendement plus longs dans l’examen des besoins d’assurance à long terme. La volatilité, la spéculation des marchés, la sous-réglementation et les demandeurs fortement endettés à la recherche d’un gain rapide suscitent une approche plus frugale, la décision indiquant souvent « nous préférons ne pas participer » ou « nous pouvons seulement offrir un montant d’assurance réduit ».

Et dans un avenir proche? Certains assureurs envisagent d’inclure des montants modestes de cryptomonnaie dans l’actif du client s’il a des antécédents financiers solides et plus traditionnels et s’il ne soulève pas d’autres préoccupations. Le développement de banques numériques mandatées par le gouvernement, connues sous le nom plus officiel de MNBC (monnaie numérique de banque centrale) ou CBDC en anglais, dont plusieurs sont déjà en activité et en cours d’évaluation ici au Canada, pourrait contribuer à atténuer les préoccupations (4). La réglementation des banques centrales pourrait permettre d’apaiser les inquiétudes liées à la légitimité et même d’apporter une certaine concurrence au marché actuel de la cryptomonnaie, ce qui serait très bénéfique en termes de tarification. Pour citer une phrase d’une vieille chanson des Beatles, « and you know that can’t be bad »; c’est-à-dire que cela ne peut pas être une mauvaise chose (5).

  1. Pritchard, Carolyn. Cryptocurrency: The Newest Challenge to Financial Underwriting. RGA Home. Le 22 avril 2022.
  2. Sharma, Rakesh. Is There a Cryptocurrency Price Correlation to the Stock Market?com. Le 12 mai 2022.
  3. Folger, Jean. 5 Successful Companies That Survived the Dot-Com Bubble. Investopedia.com. Le 15 août 2021.
  4. Canadian Foreign Exchange Committee. Central Bank Digital Currency and Stablecoins. Bank of Canada. Juin 2021.
  5. Lennon, John and McCartney, Paul. She Loves You. The Beatles. 1963.

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Spéculer sur la vie et la mort... et la cryptomonnaie