Le risque en fonction du genre : Quelles différences?

La découverte du feu par les hommes et les femmes primitifs a transformé leur existence. La nourriture et les abris pouvaient être chauffés, sans parler de l’éclairage et d’un certain degré de protection contre les prédateurs du règne animal qui rôdaient sur la surface de la Terre. Moins marquant, sauf pour ceux d’entre nous qui travaillent dans le secteur de l’assurance vie, le recours à la science actuarielle à la fin du XVIIe siècle a servi de flambeau pour la sélection des risques. Il s’agissait notamment de produire des tableaux vie et d’appliquer un intérêt composé au calcul de la valeur actuelle de l’obligation future, fondement même des primes d’assurance vie.

En quoi cela a-t-il un rapport avec le genre? À l’époque, il n’y en avait pas vraiment. Tout ce qu’un actuaire pouvait faire, c’était d’éplucher les registres de naissance et de décès individuellement pour calculer les primes en fonction du facteur de risque le plus important encore aujourd’hui, à savoir l’âge de la personne à assurer. Aucune distinction n’était faite entre les hommes et les femmes et, par conséquent, la tarification unisexe était la norme. Vers 1880, alors que le taux de mortalité des hommes augmentait, des actuaires astucieux de partout dans le monde ont entrepris de tenir compte de ces différences dans la tarification des taux d’assurance vie (1). L’écart mortalité/genre est particulièrement prononcé chez les individus plus âgés, alors que 57% des personnes de 65 ans sont des femmes et qu’à 85 ans elles représentent 67% de la population (2). Au Canada, les femmes vivent en moyenne 4 ans de plus que les hommes, ce qui justifie l’argument actuariel selon lequel les hommes devraient payer davantage pour l’assurance vie (3). Bien que les compagnies d’assurance canadiennes tiennent compte de ces différences dans la tarification de l’assurance vie, ce n’est pas une pratique universelle. Depuis 2012, l’Union européenne interdit la tarification basée sur le genre pour les assurances vie, maladie et même automobile, ce qui soulève l’éternelle question de l’équité : un groupe à risque plus faible, en l’occurrence les femmes, doit-il compenser financièrement pour un groupe à risque plus élevé, les assurés masculins (4)?

La question des raisons pour lesquelles les femmes vivent plus longtemps que les hommes, du moins en moyenne, demeure d’intérêt. Les premiers constats émis, qui indiquaient que le tabagisme et les maladies cardiovasculaires étaient les principaux coupables, restent valides aujourd’hui. Nous comprenons également mieux le rôle que joue le stress, ainsi que les modèles comportementaux et culturels qui peuvent prédisposer les hommes à prendre plus de risques, à boire plus d’alcool et à recourir moins souvent à des soins médicaux. Ce dernier point est particulièrement pernicieux, car bien que l’on pense souvent qu’il est plus fréquent chez les femmes d’être diagnostiquées pour dépression, le taux de suicide est généralement beaucoup plus élevé chez les hommes (5).

Ce phénomène a été mis en évidence récemment lorsque le sénateur américain John Fetterman fut hospitalisé de son plein gré pour dépression et applaudi pour avoir abordé publiquement sa lutte contre la maladie mentale (6). En revanche, Thomas Eagleton, sénateur américain en 1972 et candidat à la vice-présidence, s’est retiré du programme une semaine après avoir révélé qu’il avait été traité pour dépression dans le passé (7).

Aujourd’hui, les discussions sur le genre dépassent largement le cadre traditionnel de la division femme-homme. Des perspectives nouvelles et en constante évolution sur l’identité de genre, les rôles et leur impact sur la santé contribuent au développement de nouvelles connaissances. Pour en savoir davantage sur le sujet, restez à l’affut.

  1. Crimmins, Eileen et al. Differences Between Men and Women in mortality and the Health Dimensions of the Morbidity Process. Clinical Chemistry. Volume 65, No. 1, 2019, pages 135-145.
  2. Shmerling, Robert H., MD. Why men often die earlier than women. Harvard Health Blog, health.harvard.edu. 22 juin 2020.
  3. Statista.com. Life expectancy at birth in Canada from 2010-2020 by gender. Septembre 2022.
  4. Fontinelle, Amy. Gender and Insurance Costs. Investopedia.com. 25 juillet 2022.
  5. Mental Health and Suicide in Canada-Key Takeaways. Mentalhealhcommisison.ca. 6 juillet 2022.
  6. Barry, Ellen et Gay, Sheryl. Fetterman’s Disclosure of Depression Signals New Openness on Mental Health. Nytimes.com. 17 février 2023.
  7. Greenfield, Jeff. What John Fetterman Should know About Thomas Eagleton. Politico.com. 17 février 2023.

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